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Chien peureux
La peur est une réaction
normale, sans elle, tout être vivant serait incapable de s'adapter aux
situations potentiellement dangereuses qu'il peut rencontrer.
Chez tous les mammifères, les réponses à la peur se ressemblent: D'une part,
mettre tout en jeu pour augmenter les chances de survie en permettant aux
muscles de bénéficier d'un maximum d'énergie, d'autre part stimuler une zone du
cerveau qui va permettre d'analyser la situation, d'identifier si il y a danger
ou pas, et d'adapter la réponse aux circonstances.
Observez Petit-chien face à une Etrange Chose Effrayante, qui apparaît soudain.
Les Etranges Choses Effrayantes - ECE- sont nombreuses: Depuis une grosse
feuille morte qui bouge vicieusement jusqu'au camion qui fait trembler le sol,
en passant par... les parapluies, les sacs poubelles, les casquettes, les vélos,
etc etc...
La première réaction, immédiate, et de se mettre à l'abri, en reculant, et de se
rendre impressionnant en se hérissant, en grondant. Puis, une fois à une
distance supportable, vous allez voir Petit-chien analyser la situation,
observer votre réaction, se rapprocher avec précaution, flairer, le cou allongé,
et les pattes en ressort, prêt à décamper si la Chose bouge. Il va explorer, à
bonne distance.
Laissez le faire, dans le calme, et Petit-chien va arriver tout seul à la
conclusion. Soit il préfère rester à distance, soit il va voir de plus prés.
Mais dans les deux cas, son organisme aura appris à gérer la tempête
émotionnelle vers un retour au calme.
Le cerveau de Petit-chien aura effectué tout un travail. Il aura d'abord mis en
mémoire le contexte, et l'aura comparé à ce qu'il connaît déjà. Puis il aura
enrichi tout cela avec ses observations, identifiant ainsi l'ECE, et enfin et
surtout, il aura sécrété les neurotransmetteurs d'apaisement.
A la prochaine rencontre fortuite avec la même ECE, le cerveau de Petit-chien
disposera de l'information, il pourra décider, et il saura revenir au calme, et
ce de plus en plus facilement.
Mais si quelque chose vient gêner cette séquence, la peur va se dérégler, et
dégénérer en angoisse. Haletant, la queue entre les jambes, tremblant, perdant
parfois le contrôle de ses sphincters, Petit-chien est submergé, incapable de
trouver la réaction adaptée, il peut se blesser, ou provoquer un accident.
Si vous voulez aider Petit-chien à devenir un Grand-chien-courageux, laissez lui
la possibilité d'analyser à bonne distance la situation dans le calme, et de s'y
habituer progressivement. Aidez le par votre propre calme, mais n'émettez aucune
forme de critique ou de consolation. Soyez enjoué, encouragez le, mais surtout
ne le coincez jamais dans une situation où sa peur normale deviendrait une
panique.
Un chien peut apprendre à ne plus avoir peur, mais dès qu'un certain seuil est
dépassé, le malaise est tel qu'il va seulement apprendre l'angoisse.
Joelle C.
Comportementaliste
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